© Credits photo: Thomas Marroni and P•P•O•W, New York
Watering False Flowers
© Credits photo: Thomas Marroni and P•P•O•W, New York
Pour sa première exposition personnelle à Paris intitulée Watering False Flowers, l’artiste américaine Erin M.Riley nous invite dans sa vie intime et personnelle.
À travers une série d’autoportraits et de natures mortes contemporaines, l’artiste explore des thèmes comme la sexualité, la violence, l’objectification du corps féminin, aborde les traumatismes inhérents à la condition féminine mais aussi l’espoir et la guérison.
L’utilisation de la laine comme médium principal dans la pratique d’Erin M. Riley confère à son travail une profondeur esthétique et symbolique unique. Chaque fil, soigneusement teint et tissé à la main, recrée les textures pixelisées et granuleuses des images numériques, offrant une traduction tactile des données visuelles. Le processus de tissage, réalisé sur un métier à tisser avec des techniques traditionnelles, est à la fois long et méditatif, engageant l’artiste dans une introspection profonde.
Ce travail minutieux n’est pas simplement une quête esthétique, mais également un acte de guérison personnelle. En tissant ses souvenirs, Erin M. Riley ne se contente pas de les capturer ; elle les explore, les assimile et les immobilise dans le temps. Chaque tapisserie devient ainsi un témoignage tangible de son expérience et de son identité, marquant un instant précis dans l’histoire de sa vie. Ce processus de création offre à l’artiste une forme de réconfort et de réaffirmation, transformant le tissage en un rituel de mémoire et de résilience.
Les survivants de traumatismes sont souvent confrontés à la dissociation, et j’ai eu de nombreux moments dans ma vie où j’ai dû me rappeler que j’existais. Avec cette exposition, je revisite les moments où j’étais réellement présente. La série d’objets — argent, radios, test covid, mouchoirs ensanglantés, fleurs, selfies dans des sous-sols, un miroir — constitue des portails, des fentes, des trous noirs vers des espaces et des temps où la vie a connu un avant et un après. Vider, régénérer, répéter, réaffirmer sont toutes des idées que j’explore à travers cette exposition.
Erin M.Riley nous invite à réfléchir à des faits de société cruciaux, tout en nous plongeant dans un univers feutré et intimiste, au plus proche d’elle. Watering False Flowers, suggère l’idée de nourrir quelque chose de trompeur, comme tenter de guérir les traumatismes passés tout en négligeant ceux du présent : Les « fausses » fleurs symbolisent les expériences de violence et de dysfonctionnement que la société choisit souvent d’ignorer ou de minimiser.
L’œuvre finale, Waiting 4 U, se déploie comme un autel empreint de sensualité, de mélancolie, et se présente à la fois comme un hommage à l’amour et une réflexion sur la douleur. Elle incarne une méditation sur la manière dont ces sentiments façonnent et transforment notre compréhension de soi et du monde.
Ces tapisseries, puisant leur inspiration dans des souvenirs intimes liés à la musique, à l’amour et à la nostalgie des années 2000, interrogent les notions de mémoire, de vérité et de guérison. Chaque œuvre devient un miroir d’émotions complexes, invitant à une réflexion profonde sur les expériences vécues et l’importance des traces qu’elles laissent derrière elles.
Erin M. Riley (née en 1985, vit et travaille à Brooklyn, NY) a obtenu une licence au Massachusetts College of Art and Design et une maîtrise à la Tyler School of Art. Son travail a récemment été présenté au Aldrich Contemporary Art Museum, CT, à la 16e Biennale d’art contemporain de Lyon, au Museion, Bolzano, Italie, ainsi qu’au MassArt, Boston, MA. Son travail est actuellement visible dans l’exposition “The Brooklyn Artists Exhibition” au Brooklyn Museum, Brooklyn, NY.