Prayer

© Courtesy of Kazuma Koike and cadet capela
© Credits photo: Thomas Marroni

Kazuma Koike

4 février — 11 mars 2023

54 rue Chapon, 75003 Paris

L’œuvre de Kazuma Koike n’est pas porteuse d’une signification spécifique. Elle est pensée pour renvoyer le sentiment d’absence d’appartenance, de ne se rattacher à nulle part, créant ainsi une sensation de flottement accentuée par les murs blancs de la galerie. Pour sa première exposition personnelle en Europe, Koike présente vingt nouvelles céramiques émaillées noires, mais également sept peintures texturées de petites touches de couleur créant l’illusion d’une vibration. Ses créatures inexpliquées, partageant des traits animaliers et humains, sont le résultat de combinaisons d’images de différents lieux et époques ; une approche influencée par son enfance passée dans trois pays : le Japon, l’Espagne et l’Argentine.

Inspirés par les statues des nombreux dieux que l’on trouve dans les temples et les églises, les personnages de Kazuma Koike sont toujours associés à une certaine forme de foi, jamais à une foi spécifique. L’artiste souhaite que son œuvre résonne avec le plus grand nombre mais tente malgré tout de garder son art libre de toute définition précise. Il s’efforce de créer des œuvres aussi uniques que possible, jamais vues auparavant. Pour cela, il étudie les objets énigmatiques qui subsistent dans le monde comme les figurines en céramique dogū de la période Jōmon, dont la signification exacte reste incertaine, ou les statuettes en bois du moine bouddhiste Enkū créées durant la période Edo.

La fascination de l’artiste pour les mystérieux objets anciens remonte à son enfance. Depuis lors, il aime visiter les musées et est captivé par les œuvres d’art anciennes, les antiquités et les os de dinosaures. Il est toujours fasciné par l’idée d’un lieu qui expose sous un même toit des objets de différentes cultures.  Il n’est pas surprenant qu’il qualifie ses statuettes d’« anciens artefacts fictifs », sans contexte ni signification claire. Cette pensée s’inspire en partie des idées et études utopiques d’Athanasius Kircher, l’un des derniers polymathes de la Renaissance qui vivait dans un monde empli de merveilles attendant d’être découvertes. Dans un esprit similaire, Koike nous permet d’étudier son art et d’en modifier la signification possible. 

Kazuma Koike aimerait que ses sculptures soient perçues comme des objets trouvés, antécédents à leur création effective. La céramique est un matériau parfait pour cela, l’artiste ne pouvant totalement contrôler le processus de création et le résultat final dépendant également de la cuisson dans le four. Koike aime insister sur « l’’état où différents éléments coexistent en harmonie » en utilisant le même émail noir sur toutes ses sculptures, ce qui participe en outre à cette apparence de relique ancienne, semblable aux anciens bols à thé japonais. Dans cette exposition, Kazuma Koike nous invite à explorer son œuvre unique et équivoque avec la curiosité et l’enthousiasme d’un érudit de la Renaissance.