Le singe qui transpire

© Courtesy of Jordy Kerwick, Humberto Poblete-Bustamante and cadet capela
© Credits photo: Thomas Marroni

Jordy Kerwick, Humberto Poblete-Bustamante

11 juin — 7 juillet 2021

Montpellier, FR

La peinture est au cœur de cette exposition qui présente conjointement les œuvres de l’australien Jordy Kerwick et du chilien Humberto Poblete-Bustamante.

La couleur et la matière sont les outils principaux grâce auquels Jordy Kerwick compose ses scènes inspirées de la vie quotidienne mais intégrant des animaux, souvent féroces, et bien d’autres éléments imaginaires. L’artiste déconstruit les sujets figuratifs jusqu’à leur dimension la plus brute, révélant ainsi « un sujet dans son état le plus sincère ». Une force sauvage émane de ses compositions dont l’aura audacieuse est encouragée par un trait brut et des couleurs explosives. Dans cet espace bidimensionnel, accentué par le fait que Kerwick aplatisse les perspectives, se mélangent et se superposent différentes techniques allant de la peinture acrylique à l’huile en passant par l’aérosol ou le collage, offrant ainsi une abondance de textures. Le sujet central est fréquemment enrichi d’éléments picturaux figuratifs qui apportent aux œuvres une lecture plus profonde, quelquefois complémentaire, parfois plus ambivalente. L’œil se promène entre figuration sans ambages et détails d’une précision minutieuse.

Humberto Poblete-Bustamante se débarrasse de toute limitation qu’un sujet particulier pourrait suggérer, naviguant ainsi dans la dimension la plus pure de la peinture. La surface de la toile est occupée par des aplats qui prennent diverses formes, sans contours précis. En aucun cas, ces formes ne tentent d’être familières ou géométriques, on ne saurait les reconnaître. Elles sont la matérialisation des fulgurances de l’artiste, guidé par l’acte de peindre. Au cours du processus de création, les formes évoluent et se transforment, une couche de peinture remplacée par une autre. La touche brute et rapide insiste sur l’expression instantanée et dynamique de l’action. Les œuvres de cette série, principalement à l’huile, sont encadrées par les couches inférieures aux teintes fluorescentes de l’acrylique. Dans les tableaux de Poblete-Bustamante, il n’y a pas d’erreur : l’accident et les aléas, facilités par le geste de l’artiste, font partie intégrante de l’oeuvre. C’est une ode à la peinture.

Kerwick et Poblete-Bustamante sont réunis dans une exposition dont le titre, Le singe qui transpire, évoque l’aspect à la fois ludique et intense du travail des deux artistes. Tous deux se laissent guidés par la physicalité de la peinture, les couleurs et les imprévus. Cette improvisation, libre et instinctive, engendre des œuvres animées qui reflètent l’aspect toujours changeant de la vie. Spontanées et sans filtre, comme le titre de l’exposition, les œuvres de Kerwick et Poblete-Bustamante invitent à oser se perdre dans le monde tangible de la peinture.

Boris Bergmann