© Credits photo: Thomas Marroni
Very Much Alive
© Credits photo: Thomas Marroni
Pour sa troisième exposition individuelle avec la galerie, Molly Greene (née en 1986 à Cornwall, Vermont) explore le concept fascinant des rencontres avec d’autres formes de vie. Son expression artistique tourne autour de l’interaction délicate entre le familier et l’impénétrable dans nos vies, y compris nos relations avec les plantes, les animaux et la technologie. Elle s’intéresse particulièrement à la façon dont la communication façonne l’intimité et la nature énigmatique de ces relations. C’est ce dialogue qu’elle souhaite établir dans cette exposition, à travers ses formes imaginaires et vibrantes aux couleurs pastel.
Inspirée par la nature qui l’environne et particulièrement par l’agave centenaire jouxtant sa véranda, où se côtoient une faune et une flore exceptionnelle, Greene désire provoquer une rencontre douce mais directe avec l’Autre. Ses nouvelles oeuvres, volontairement plus grandes, aspirent à favoriser une véritable interrogation sur la nature et ses mystères, allant au-delà de la simple observation.
Greene raconte :
Il y a un énorme agave centenaire qui vit juste devant ma véranda, et ce printemps, il a poussé une tige de presque dix mètres de haut qui s’est ramifiée en dizaines de branches chargées de boutons de fleurs. À partir des branches les plus basses, les boutons se sont ouverts en de lumineuses fleurs jaunes avec de longues étamines en forme d’antennes qui attiraient abeilles, insectes et oiseaux. Après une semaine ou deux, les fleurs ont commencé à rejeter une épaisse sève qui a attiré lézards, rats, opossums et mouffettes au pied de la plante. Je m’asseyais sur notre véranda chaque matin en prenant mon petit déjeuner avant d’aller à mon atelier, et je regardais cet agave avec tous ses visiteurs animaux. Il était clairement devenu un site ou un lieu, un écosystème transitoire, mais j’avais aussi l’impression qu’il était devenu un être individuel, singulier. La tige a poussé et fleuri à un rythme si rapide et à une échelle si gigantesque qu’elle semblait avoir une forme de vie que je n’attribue généralement pas aux plantes. Elle est toujours dressée à côté de ma véranda maintenant, les fleurs se sont transformées en de gigantesques gousses de graines qui semblent prêtes à tomber bientôt. J’ai lu que les agaves centenaires vivent pendant des décennies, puis utilisent toute leur énergie stockée pour une seule floraison et production de graines avant de mourir. En créant ces peintures, j’ai beaucoup réfléchi à cet agave, à cette latence et aux ultimes efforts.
« The Wall », un roman de science-fiction et philosophique de 1963 de l’écrivaine autrichienne Marlene Haushofer, soutient également le récit de l’artiste. Dans ce roman, une femme d’âge moyen se réveille un matin dans un chalet de chasse pour se rendre compte qu’elle est séparée du reste du monde humain par un mur invisible et imperméable. Elle partage cet espace isolé avec un chien, un chat et une vache. Tout au long de la création des peintures pour cette exposition, Molly Greene revient particulièrement sur cette histoire et sur celle de l’agave en fleurs. Ces éléments ont servi de points de réflexion sur les soins inter-espèces en tant que moyen de survie et sur la tâche cultiver la vie sans s’appuyer sur un récit de progrès linéaire.
Molly Greene est une peintre américaine qui vit et travaille à Los Angeles, en Californie. Avant de se consacrer à l’art, elle a passé dix ans à étudier. En 2013, elle a obtenu un diplôme de Master en Sciences de l’Environnement (MESc) de l’Université Yale. En 2019, elle a terminé un doctorat en Études américaines, également à l’Université Yale. Au cours de ses nombreuses années d’études, elle s’est concentrée sur divers sujets tels que le genre et la sexualité, le post-humanisme ou les études animales, entre autres. Elle a commencé à exposer son travail en tant qu’artiste en 2018 aux États-Unis.