To make me forget about now…

Yevgeniya Baras, Kimia Ferdowsi Kline, Bill Saylor, Suzannah Wainhouse
© Courtesy of Yevgeniya Baras, Kimia Ferdowsi Kline, Bill Saylor, Suzannah Wainhouse and cadet capela
© Credits photo: Thomas Marroni

Yevgeniya Baras, Kimia Ferdowsi Kline, Bill Saylor, Suzannah Wainhouse

4 juin — 9 juillet 2022

54 rue Chapon, 75003 Paris

Je ne sais pas ce que mon processus de sélection dit de moi. Soit j’ai adopté une approche ultra-simple et anormale, soit c’est censé être toujours aussi organique que le regroupement de ces artistes. En réfléchissant à cette déclaration, je peux confirmer que les deux possibilités peuvent être vraies en même temps, mais cela n’enlève rien à la facilité avec laquelle j’ai pu nommer quatre artistes incroyables et émouvants pour la galerie émergente la plus excitante de Paris. Dès le départ, c’était une évidence. C’est là que mon travail a commencé et s’est terminé. Ces artistes ont débuté quelque part et ont mis en pratique les années passées à regarder, écouter, parler, ressentir, s’énerver, se remettre en selle et apprendre. La seule chose que je pouvais espérer de l’accrochage des œuvres de Yevgeniya, Kimia, Bill et Suzannah dans un même espace est un court moment de réconfort face à tout le “reste”. Le retour du Covid, la politique, les échecs parentaux, la gestion du temps (ou le manque de gestion du temps), la troisième pizza que vous avez mangée cette semaine, la pile de factures sur le comptoir, l’inquiétude de voir vos chiens vieillir, l’élancement de votre genou gauche, votre fils qui vous dit de lâcher votre téléphone ; toutes ces choses qui vous font sentir merdeux. Mais pendant les 5 à 30 min où vous pouvez flâner dans la galerie, il est très possible, voire absolument probable, que vous puissiez oublier tout ce qui précède et juste regarder. 

“To make me forget about now…” est un ensemble d’œuvres d’artistes, dont le travail est pourvu d’un niveau de magie et d’émerveillement, qui sont inextricablement liés à leur art. Tenter de séparer la personne de l’œuvre est presque impossible. L’œuvre est l’expression la plus pure de qui ils sont et de ce qu’ils sont, d’où ils viennent et de ce qu’ils savent être vrai. Leur point commun : leur talent indéniable et leur recherche incessante de l’altérité à travers l’art. Ils n’essaient pas d’être différents, mais poursuivent simplement leur trajectoire. Et c’est ce qui vous permet d’oublier l’instant ; l’authenticité et les années d’engagement dans leur vocation. L’exposition n’est pas la finalité, comme une photo d’eux, debout, les uns à côté des autres, ne pourrait les résumer en tant que personnes, et artistes. C’est néanmoins un instantané de qui ils sont. Cette exposition est un petit moment dans le temps où quatre artistes exceptionnels ont accepté d’exposer leurs œuvres ensemble dans la ville lumière, afin que nous, spectateurs, puissions faire abstraction de la vie pendant une minute et nous délecter du labeur de toute une vie.

Jordy Kerwick