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Rhys Lee
© Courtesy of Rhys Lee and cadet capela
© Credits photo: Thomas Marroni

Rhys Lee

28 novembre — 14 décembre 2019

Rue Saint Claude, Paris, FR

La familiarité intemporelle et le caractère résolument contemporain sont régulièrement les premières impressions que l’on a en regardant les huiles et pastels vibrants de Rhys Lee. Peintes dans une petite ville de l’Etat du Victoria, en Australie, ses œuvres reflètent une atmosphère et un contexte européens tout en reflétant les pensées de l’artiste sur le monde extérieur de l’atelier, sa petite ville natale et son pays lointain. 

Assez formelles et classiques en termes de thématiques, les peintures de la première exposition en France de Lee présentent des thèmes traditionnels avec le sujet féminin assis, une figure fumant dans un trench-coat, ou des portraits classiques, tous réalisés à travers le prisme de la figuration brute abstraite. Bien que clairement influencés par les sujets traditionnels et les œuvres des grands noms tels que Soutine, Ensor, Rousseau, Bourgeois, Cézanne ou Matisse, certaines pièces de l’exposition révèlent subtilement son expérience du graffiti par des formes abstraites, à la façon de lettres, qui évoquent aussi des natures mortes.    

Dans sa pratique, Lee met l’accent sur les textures et les différentes couches, permettant aux matériaux et aux outils de laisser des traces du processus. Travaillant habituellement avec des pinceaux usagés, négligés ou hirsutes, il laisse de côté la technique traditionnelle de la peinture à l’huile tout en poussant volontairement le processus créatif trop loin. Avec une telle pression, il détruit presque l’image originale pour la ressusciter ensuite, la transformant souvent en une nouvelle peinture, absolument imprévisible. Au cours de ce cheminement, l’artiste prend des décisions spontanées sur la couleur et la texture, ce qui rend à la fois son procédé et le résultat définitif excitants et surprenants. Les teintes et les dégradés extraordinaires, la variété des lignes utilisées, ainsi que les textures inattendues, sont tous obtenus en laissant la peinture dicter l’itinéraire et le résultat final.

Les méthodes créatives étant elles-mêmes des éléments vitaux de l’œuvre, les peintures portent leurs cicatrices et leurs contusions, révélant fièrement les différentes étapes qu’elles ont traversées. Bien qu’il apprenne à faire preuve de patience et à aborder le travail avec un regard neuf, la frustration et l’impatience sont souvent les clés des moments décisifs dans sa pratique. Travaillant à partir d’une photo, d’une peinture, d’une sculpture ou d’une image de film, l’artiste manipule de nombreux dessins à différentes étapes jusqu’à ce qu’ils deviennent une abstraction sans réserve, et c’est seulement dans son œuvre récente qu’il s’est consciemment employé à créer des images qui sont raisonnablement conformes à son idée ou référence initiale.

Sasha Bogojev