© Credits photo: Thomas Marroni
Good Morning, Sweet Dreams. - Midnight Sun
© Credits photo: Thomas Marroni
Quand la peinture capture la complexité de la lumière. Pour son premier solo show en Europe, la peintre hongkongaise Kwong Wing Kwan part en quête des variations infinies des rayons lumineux. Et de ce qu’ils provoquent sur les espaces du quotidien et de l’intime.
Kwong Wing Kwan regarde à travers la vitre de son studio ou de son appartement, elle observe la pluie sur la ville, elle voit se multiplier un éclat de lumière sur un écran. Tous ces instants en apparence anodins sont essentiels pour l’artiste. Ils composent sa traque de la lumière. Après avoir observé, Kwong Wing Kwan reproduit sur la toile avec une dextérité unique. À l’aide de nombreuses couches, en composant ses palettes avec une grande précision et en mêlant des couleurs pour être la plus fidèle possible au réel, elle recrée sur la toile sa vision ou y traduit son état d’esprit intime. Chaque œuvre demande une dévotion totale et de longues heures de travail — comme un clin d’œil au temps long, presqu’infini, de la contemplation.
Au delà d’une prise photographique — processus qui plait à Kwong Wing Kwan car elle restitue l’image vue sans la moindre altération — les œuvres ne donnent pas seulement à voir les images mentales de l’artiste mais aussi ses émotions. Le réalisme poussé à l’extrême de Kwong Wing Kwan est comme traversé d’une certaine mélancolie, parfois d’une solitude, voire d’une tristesse.
Une forme de vague à l’âme qui n’appartient qu’à elle et qui resplendit sur ses toiles, en devient la force secrète. Sa fascination pour les sources de lumière est multiple. Elle se projette aussi bien sur la lampe au design circulaire qu’elle fait renaître dans « Voyage to Remember II » que sur les astres directement pris au ciel, happés et restitués sur la toile, comme dans « Midnight Sun» qui dévoile le soleil perpétuel des étés arctiques. Cette obsession est l’activité d’un esprit toujours vagabond, entre voyages réels et destinations rêvées.
Dans ces paysages de lumière, l’artiste se raconte. Avec une forme de pudeur. Elle nous décrit les effets de la fatigue, de la solitude, de la nostalgie, de l’angoisse, ou même du jet-lag. Kwong Wing Kwan aime voyager dans son esprit. Dans ses visions de lumières, qui la relient à la nature. Et dans l’acte de peindre, qui devient son unique moyen de communication. Avec un monde qu’elle maintient à distance, où elle vit à contretemps — Kwong Wing Kwan nous a confié avoir un rythme rien qu’à elle : elle n’arrive pas dormir la nuit, attend le lever du soleil pour peindre puis passe le reste du jour à dormir. Seule. À son rythme.
Ainsi, le réalisme de Kwong Wing Kwan déborde. De la grande dextérité technique — maitrise des couleurs, des couches de la toile, mesure du geste — on passe à une sorte de libération des sentiments. Et des histoires du passé. « Dans la mélancolie de mes toiles », confie l’artiste, « j’ai logé ma difficulté à m’adresser aux autres ainsi que l’absence de mon frère, mort tragiquement quand j’avais dix ans. »
Mais ses visions ne sont pas privées de désirs et d’ambitions. Comme dans l’œuvre « Good morning, Sweat dreams », la tour de fer reproduite sur la toile et que Kwong Wing Kwan a observé chaque jour de la fenêtre de son atelier ressemble étrangement à une Tour Eiffel. Comme un symbole annonciateur du premier show de Kwong Wing Kwan à Paris, chez cadet capela — une joie. Car l’artiste sait déjà qu’elle trouvera dans la Ville Lumière une source infinie
d’inspirations futures…
Boris Bergmann