Découpages

© Courtesy of James Jarvis and cadet capela
© Credits photo: Thomas Marroni

James Jarvis

11 décembre 2021 — 15 janvier 2022

54 rue Chapon, 75003 Paris

Au cours de l’année écoulée, j’ai commencé à réfléchir à l’interaction entre le sens et l’esthétique dans mes dessins. 

Quand j’ai conçu une méthodologie pour les dessins au stylo-brosse en noir et blanc que je réalise depuis quelques années, je voulais que l’esthétique soit secondaire par rapport au contenu. Toute qualité esthétique du dessin devait provenir de la simplicité et de la franchise de son exécution. Je ne voulais pas que ce soit une chose consciente. 

Mais inévitablement, une fois que j’ai pris conscience de la façon dont cette exécution était perçue sur le plan esthétique, j’ai commencé à la poursuivre consciemment, avec une idée préconçue de l’apparence du dessin. Dès que cela commence à se produire, pour moi le dessin perd son honnêteté.

J’ai pensé qu’il serait intéressant d’étudier la qualité esthétique de mes dessins, de réfléchir aux marques que je fais indépendamment du sens qu’elles essaient de transmettre.

Je me suis vraiment intéressé à l’idée du “throw-up” dans le langage du graffiti. Il semble y avoir une qualité inconsciente et automatique dans le processus de création de ces marques que je trouve très satisfaisante. J’aime la façon dont elles sont à la fois un dessin et une sorte d’écriture.

En fabriquant mon propre “throw-up”, j’avais l’impression d’avoir quelque chose qui pouvait générer et contenir les gestes et les marques que je trouvais esthétiquement satisfaisants dans mes dessins et qui n’avait pas besoin d’être jugé en fonction des informations qu’il contenait. C’est l’esthétique qui est l’information. C’est un dessin à propos de lui-même.

En dessinant sur des surfaces disponibles au hasard dans mon atelier - magazines, vieux skateboards, emballages recyclés - plutôt que sur des feuilles de papier blanc immaculé, et en déchirant et reconstruisant ces dessins, j’avais l’impression de pouvoir sortir davantage les marques du contexte de mes dessins “traditionnels”.

Ces “découpages” sont donc une distillation de l’idée de qualité purement esthétique de mes dessins.

James Jarvis