© Credits photo: Thomas Marroni
A form of life
© Credits photo: Thomas Marroni
Pour sa première exposition parisienne, Andrea Medjesi fait naître de sa peinture une nouvelle « forme de vie » — A form of life qui interroge et provoque notre regard.
Au premier coup d’œil, on aperçoit des formes. Organiques et pures. On ne sait pas si elles sont humaines ou aliènes. Alter ou anti égo. Des formes troublées et troublantes. En prise avec leur environnement.
Ces formes ne peuvent rester figées. Elles sont en mouvement. On finit par se rendre compte qu’on assiste, entre chaque tableau, aux évolutions d’une même forme. À ses métamorphoses.
C’est une forme féminine. Qui vient éclore. Puis grandit. Avant de vieillir.
Andrea Medjesi dit s’être inspirée des Métamorphoses d’Ovide pour décliner cette mue féminine. Dans le livre du poète grec, les formes féminines sont toujours soumises et bafouées. Elles sont formes-objets. Dans les tableaux d’Andrea, les formes s’adaptent, se transforment. Elles sont malléables pour mieux survivre. Et dans un environnement qui lui aussi prend part à sa propre transformation, les formes semblent osciller. Entre amour et perte. Entre attirance et rejet des atmosphères qui les entourent.
Andrea Medjesi confie avoir été inspirée par la science-fiction — elle cite Ridley Scott et les avant-gardes japonaises — mais également par ses lectures. De la biopolitique de Foucault au « corps sans organe » de Deleuze. En passant par Bataille, Agamben, les surréalistes, Rubens, Caravage. Les influences sont multiples.
Andrea Medjesi aime se retrouver seule pour peindre. Elle part d’une couleur, d’un ton — comme ce pigment nommé « Caput Mortuum », aux couleurs de terre baroque, qui sert de base à ses tableaux. Puis elle dialogue avec sa peinture. Elle laisse en elle la peinture résonner.
Et garde, avec ses formes de vie, de nombreuses questions ouvertes. Notre rapport au virtuel, au digital, aux formes hybrides. Comment peut on communiquer ce qui a été aliéné ? Comment se manifestent ces nouvelles formes de vie ? Y a-t-il une métaphysique des formes nouvelles ?
Par la peinture, Andrea Medjesi nous amène aux réponses qu’elle ne cesse elle-même de chercher.
Boris Bergmann