© Credits photo: Thomas Marroni
A Confession of Rain
© Credits photo: Thomas Marroni
cadet capela est heureuse de présenter A Confession of Rain, une exposition personnelle de l’artiste américain Blake Daniels. L’artiste présente huit grandes peintures ainsi qu’une série d’études sur papier qui dépeignent des paysages et des personnages atmosphériques, des souvenirs d’amis et d’êtres chers, essentiellement définis et rendus abstraits grâce aux qualités de la couleur, des traces et de la composition. Il s’agit de la première exposition personnelle de Daniels en Europe, accompagnée d’un texte écrit par Mara Hassan.
L’été dernier, je suis restée sans voix un instant, lorsque j’ai appris tout ce que je devais savoir sur le monde dans un appartement étouffant au troisième étage sans ascenseur. C’est là que j’ai découvert que l’amour pouvait être trouvé et suscité n’importe où, n’importe quand. Il a germé et fleuri entre deux parfaits inconnus devant une boîte de nuit, échangeant des astuces pour maximiser la féminisation du maquillage. Cela nous a suivi dans cette nuit humide, bordée de saule-pleureurs et de buissons. Les cloques que nous avions accumulées nous rappelaient toujours nos pertes de contrôle. Des souvenirs. Je me souviens d’eux, et je me souviens d’elle.
Parfois, lorsque la soirée se calme, je soulève mon haut et touche la cicatrice boursouflée juste en dessous de mon sein gauche ; c’est là qu’elle m’a transpercée en prononçant mon nom avec une intonation qui sonnait vrai. L’amour pouvait être trouvé n’importe où, n’importe quand. Je me souviens de moments comme ceux-ci lorsque mon regard se pose sur les peintures de Blake. A Confession of Rain est le titre de ce nouvel ensemble d’œuvres qui chantent en chœur quelque part à Paris. Cet ensemble de nouvelles peintures, me transperçent encore et encore. La phénoménologie du toucher traduite par la voie de l’huile - “Love”. La chaleur d’un regard brûlant et inébranlable ayant marqué la toile - “A Miracle at Utopia Park”. Leur geste dynamique guide l’œil, nous déplaçant comme des rubans ivres.
Couleur. Elles pataugent dans une couleur profonde, profonde comme les déversements d’huile et douce comme une recette maternelle. Elles tissent des mèches d’ambre enflammées avec des volutes de fumée ondoyante et des étendues de vert forestier - chaque couleur léchant une autre. Les gestes des pinceaux indexent les promesses laborieuses de dévotion de Daniels - “Siphiwe”. Ici, nous sommes témoins du souvenir de l’artiste pour son cher ami Siphiwe, en se rappelant de lui ou en ne l’oubliant jamais. Il y a une différence, vous savez. Les yeux de Siphiwe me regardent le regarder, et je ne peux m’empêcher de comprendre qu’ils ont également regardé Daniels. La contorsion de son corps, pris au milieu d’une valse avec un grand oiseau. Chaque coup de pinceau m’attire, et je tombe bientôt.
Dans “Mogodu Monday or The Leaving of Angels from Carletonville”, tout comme “Death (Here Where the Land Subsides)”, les gens, les visages et les lieux se rassemblent comme des monticules de souvenirs. Chaque figure, telle une trace, s’entremêle avec une autre. Un corps puis un autre ; une proximité intime faisant jaillir le temps comme des silex qui s’entrechoquent et crachent du feu. Les moments s’accumulent, l’un sur l’autre - “Huddle” de Simone Forti, 1961.
Heureusement, le changement se mélange également, et chaque souvenir en tant que couleur déteint sur un autre. Brillant intensément n’importe où, n’importe quand.
Je dois imaginer les souvenirs à l’intérieur de ces corps, à l’intérieur de ces visages, à l’intérieur de Daniels. Je n’ai pas le choix. Des tourbillons picturaux caressent leurs visages ; un homme regarde au-delà de moi, une foule ignore mon regard - je suis témoin de l’écriture de petites histoires silencieuses. Ce qui suivra ces personnes, et ce qui les a précédées, je ne le saurai jamais. Pourtant, je suis obligé de regarder leur quotidien se poursuivre dans mon émerveillement. Ce qui vaut la peine d’être admiré, c’est la capacité de Daniels à représenter les muscles palpables et chauds de l’adoration, de l’émerveillement et de la parenté grâce à l’huile et au temps. Ce qui est vrai, c’est que tout ce qui peut être réalisé avec soin en vaut toujours la peine - et iel nous le rappelle.
Mara Hassan