31/5

© Courtesy of Umut Yasat and cadet capela
© Credits photo: Thomas Marroni

Umut Yasat

6 février — 6 mars 2021

54 rue Chapon, 75003 Paris

« La possession réelle d’un homme n’est que sa mémoire. En rien d’autre il n’est plus riche, ni plus pauvre. » - Alexander Smith

Et la mémoire est certainement ce qu’Umut Yasat a de plus cher. Les piles qui composent Der Stapel en sont emplies. Les objets que Yasat a possédés, achetés, créés, trouvés, parfois chéris s’amoncellent désormais dans ses sculptures, prenant ainsi leur retraite, souvent bien méritée, quelquefois prématurée. Depuis 2014, l’artiste allemand travaille sur ce projet de vie ; il se défait de tout ce que le quotidien nous inflige et de toutes les contraintes matérielles auxquelles nous nous plions machinalement.

Der Stapel est le témoin d’un moment, d’une tranche de vie, d’une époque aussi ; ces assemblages architecturaux de reliquats urbains évoquent avec poésie la matérialité du temps qui passe. Lorsqu’une pile atteint sa propre taille, Yasat en commence une autre. C’est l’unique contrainte que l’artiste vivant dans un dénuement substantiel s’est fixée. Ces accumulations qui reflètent les mutations d’une vie principalement citadine ne sont pas non plus sans rappeler les conséquences dommageables de la consommation de masse.

Avec Der Stapel, suite d’œuvres chronologique à numérotation incrémentale, l’artiste se met à nu au travers de ce que l’on pourrait considérer comme une succession d’autoportraits, à échelle humaine, dans lesquels il livre son ordinaire et son intimité en toute humilité. Peu importe la valeur monétaire des éléments qui composent son œuvre. S’affranchir d’un objet sentimental dont le souvenir peut avoir plus d’importance que l’objet lui-même ou redonner de l’intérêt à un emballage en plastique n’ayant plus d’utilité, ne serait-ce que pour sa simple existence ; nombreuses sont les occasions d’avitailler la pile pendante. Chaque composant est une énergie positive qui imprègne Der Stapel.

Pour Yasat, il n’existe pas de déchets ; il existe des objets désuets ou dorénavant inutiles pour lesquels l’artiste éprouve de la compassion. Comment pourraient-ils susciter si peu de considération qu’ils finiraient tout simplement abandonnés ? Avec bienveillance, Yasat brise ainsi l’idée des valeurs prêchées par la société, il en bouleverse l’échelle.

« 31/5 » est la première exposition personnelle d’Umut Yasat en France. Elle est la 31ème présentation de Der Stapel, composée de cinq piles.